La dénonciation des accords (117 !) en vigueur pour les salariés de droit français de l’AFP – une décision inédite prise cet été unilatéralement par le PDG Emmanuel Hoog – est effective depuis fin octobre. Nous avons vivement contesté cette dénonciation, alors qu’une négociation était déjà en cours, mais aujourd’hui il est illusoire de vouloir revenir en arrière : allons de l’avant avec tous les syndicats autour de la table.
Jusqu’à fin janvier 2017, les textes dénoncés s’appliquent : syndicats et direction ont donc un an pour aboutir à un accord unique. Un chantier considérable nous attend, auquel la direction semble hélas très mal préparée.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession en France et à l’AFP, estime qu’un certain nombre de sujets ne posent pas de difficultés majeures, comme l’alignement des congés payés à 44 jours ouvrables pour tous – ce qui est déjà le cas pour les journalistes, cadres administratifs et employé(e)s de presse – ou encore le plafonnement du compte épargne-temps (CET), qui va être rouvert pour les moins de 50 ans assumant des responsabilités.
Mais sur bien d’autres sujets, nous sommes très loin d’un accord. Quelques exemples non exhaustifs :
* RTT
A ce stade, la direction reste sur sa proposition initiale :
– sept jours ouvrés de RTT (au lieu des 18 actuels) pour les cadres et les journalistes en production – les expatriés auraient eux droit à un congé de retour de sept jours par année de présence à l’étranger, plafonné à 35 jours
– zéro jour de RTT pour les salariés dont le temps de travail effectif ne dépasse pas les 35 heures
Le SNJ maintient sa contre-proposition, qui prend en compte le congé d’ancienneté créé : 14 jours de RTT pour les journalistes en travail non posté (production) et cadres, et des jours de repos compensatoire pour les journalistes en travail posté (desks), les ouvriers et les employés dont l’horaire hebdomadaire effectif serait supérieur à la durée légale de 35 heures. Notre contre-proposition inclut un congé de retour de 14 jours par année de présence à l’étranger, avec plafonnement à 70 jours, pour les expatriés.
Notre syndicat attend un retour rapide de la direction à ce sujet, sur lequel elle n’a pas commencé à faire le début d’un premier pas.
* CONGÉ D’ANCIENNETÉ
Pour écarter un risque contentieux, la direction propose la création d’un congé d’ancienneté de 2 jours ouvrables pour 5 ans de présence dans l’entreprise, 4 jours pour 10 ans, 6 jours pour 15 ans.
Le SNJ n’y est pas défavorable mais propose un échelonnement différent, afin de ne pas pénaliser davantage les jeunes collaborateurs, déjà exclus de la possibilité d’ouvrir un CET : 3 jours après 5 ans, 4 jours après 8 ans, 5 jours après 10 ans, 6 jours après 12 ans.
* ASTREINTES / PERMANENCES
La direction a présenté un état des lieux des pratiques concernant les permanences et les astreintes. Constat : contrairement à ce que prévoit la loi, les astreintes ne sont pas encadrées par un accord d’entreprise, sauf pour certains groupes de techniciens. Et » il y a un recours très important à l’astreinte, qui concerne beaucoup de monde « . De l’aveu même du DRH, » la situation n’est pas satisfaisante, de plus en plus de collaborateurs demandent un équilibre entre vie privée et vie professionnelle « .
Mais que propose la direction ? A ce stade : rien. Elle semble découvrir le sujet… Le SNJ demande que la direction aborde la prochaine réunion sur ce thème avec des propositions.
* POLITIQUE SALARIALE
La direction a présenté il y a des mois une ébauche de mécanisme d’augmentation générale, indexé sur les performances (la marge brute d’exploitation notamment) de l’entreprise. Le SNJ attend toujours des précisions sur ce mécanisme.
* PRIMES ET PROMOTIONS
» Chaque année, une enveloppe spécifique de primes et promotions sera inscrite au budget de l’AFP « , se borne à indiquer la direction dans son projet. Après un cru 2015 qui a fait beaucoup de mécontents, y compris parmi les bénéficiaires de primes » one shot » venant parfois en réparation – très insuffisante – d’un retard flagrant de carrière, le personnel attend davantage que cette simple phrase qui n’engage à rien ou presque.
* MOBILITÉ / EXPATRIATION
Sur l’insistance du SNJ, la direction a annoncé l’inscription dans l’accord d’au moins un indicateur de présence de journalistes expatriés, afin de consolider la politique de mobilité internationale au sein de la rédaction de l’AFP. Mais pour l’instant cet engagement oral n’a trouvé aucune traduction écrite.
* SALARIÉS À STATUT LOCAL
Légalement, la direction n’est pas tenue de traiter le cas des salariés de droit local dans l’accord, qui concerne les collaborateurs de droit français. Elle a toutefois consenti à rédiger une » charte de bonnes pratiques » sociales… qui à ce jour ressemble à une coquille vide. Et elle n’accepte d’en rediscuter qu’au second semestre 2016 ! Les salariés à statut local font pleinement partie de l’AFP et ne sauraient être les oubliés du grand accord.
Dans les prochains mois, les négociateurs du SNJ mettront leur énergie à rechercher l’accord le plus équitable possible, préservant les conditions d’emploi et de rémunération des salariés.
Mais la direction, au-delà des économies à réaliser, que cherche-t-elle vraiment ? Elle donne l’impression de se préparer tranquillement à appliquer unilatéralement une version à peine amendée de son projet. Or une grande entreprise comme l’AFP ne peut fonctionner sans accord interne. Ce serait un déni du dialogue social, qui créerait un climat déplorable et un risque de contentieux sans fin.
A la direction d’apporter des propositions et réponses solides pour assurer le développement de l’Agence sans sacrifier les droits des salariés !
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