L’AFP n’est pas épargnée par la souffrance au travail.
Lors du dernier comité d’entreprise (CE) fin mai, la médecin du travail a fait état de « dizaines » de cas de surmenage ou de fatigue professionnelle, soit un « nombre important » de salariés en situation de détresse.
Craquage ponctuel en fin de journée, problèmes de sommeil, prises de médicaments ou d’alcool pour tenir le coup… Jusqu’à l’arrêt de travail plus ou moins long, dans différents services, chez les journalistes mais aussi parmi les administratifs et les techniciens, ainsi qu’à tous les étages de la hiérarchie.
Qui n’a pas eu un collègue touché ?
Qui n’a pas entendu cette phrase: il/elle est arrêté/e quelques jours parce qu’il/elle était épuisé/e « professionnellement » ?
Qui n’a pas entendu parler d’un autre collègue revenant de l’étranger, littéralement rincé pour avoir tenu à bout de bras le bureau de l’AFP ?
Ici, comme dans bien d’autres entreprises, le stress, le surmenage et le mal-être qui en découlent sont en augmentation. Parfois jusqu’au burn-out, un syndrome d’épuisement professionnel qui est désormais documenté et qui nécessite une solide prise en charge pour que le salarié retrouve son équilibre.
Mais il est bien difficile d’accepter ou de dire qu’on en vient à être malade de son travail. D’autant plus que les personnes touchées sont souvent des salariés consciencieux, qui aiment leur travail.
Fin mars, un CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaire, convoqué à la demande des élus, et consacré à l’AFPTV a mis en exergue le stress vécu par les journalistes de ce service, avec plusieurs témoignages très explicites, et édifiants, de souffrance au travail. A la vidéo à Paris, mais aussi en province et à l’étranger où le vidéaste est très seul.
Charge de travail accrue, éloignement, mais aussi sollicitations permanentes avec le smartphone — qui peut devenir une « laisse électronique » pour les journalistes — dans un environnement médiatique changeant, avec des interrogations sur le sens du métier.
A tout cela s’est ajoutée la couverture des attentats en France en 2015, facteur anxiogène, encore plus pour ceux qui traitent de l’image, les photographes et les vidéastes.
Ignorer ces « dizaines de cas » de souffrance au travail risque d’avoir un coût humain et financier lourd, en plus d’être éthiquement inacceptable.
Le SNJ demande que soit prise en compte l’alerte sonnée par la médecin du travail sur les cas de souffrance au travail à l’AFP, un phénomène que la direction minimisait jusqu’à présent, quand elle n’était pas dans le déni, parce qu’il touche à un phénomène complexe: l’organisation du travail.
La direction de l’AFP — qui, comme tout employeur, est tenue de « protéger la santé physique et mentale des travailleurs » (article L4121-1 du Code du travail) — doit se saisir sérieusement de ce sujet, au-delà des travaux menés par le CHSCT et le comité RPS (risques psycho-sociaux), y compris dans la perspective d’un accord unique d’entreprise.
A l’heure où la direction envisage un forfait-jours (convention prévoyant un nombre de jours travaillés par an, l’horaire hebdomadaire effectif pouvant alors dépasser 48 heures) pour les cadres, journalistes inclus, le SNJ met en garde contre le risque d’alourdir encore la charge de travail des salariés les plus sollicités.
Nous demandons en outre une clarification des règles d’utilisation des smartphones et des possibilités de « déconnexion », la note rédigée il y a quelques mois étant complètement passée inaperçue dans les services. A certains endroits, un ajustement entre les moyens humains disponibles et les missions exigées est également nécessaire. On ne peut pas toujours faire plus avec le même personnel.
Laisser un commentaire