Votez SNJ

Pour l’AFP, sa rédaction, son indépendance, son développement

Chers consoeurs et confrères, chers collègues,

Du vendredi 10 octobre à 9h00 (à Paris, 7h00 GMT) au lundi 20 octobre à 14h00 (12h00 GMT), vous êtes invité(e)s à élire, pour trois ans, vos représentant(e)s au comité d’entreprise (CE) et vos délégué(e)s du personnel (DP).

C’est un double scrutin majeur. Le CE débat de la marche générale de l’entreprise, de ses orientations stratégiques, mais encore des mesures touchant aux effectifs ; c’est aussi la structure qui, très concrètement, offre des prestations sociales et culturelles (restauration, aides à la garde d’enfants, loisirs, vacances…) aux salariés. Les DP, eux, font part à l’employeur de toute requête individuelle ou collective émanant des salariés (syndiqués ou non !) et, au besoin, les assistent auprès de la direction.

En outre, cette élection fixera le niveau de représentativité de chaque syndicat, donc sa force de négociation.

Les élu(e)s du Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession en France comme à l’AFP (26,6% des suffrages exprimés en 2011), ont participé à la vie de l’Agence avec engagement voire passion ces trois dernières années.

Ils ont mené leurs actions syndicales, en les mutualisant pour assumer parallèlement leurs tâches rédactionnelles, dans un souci d’indépendance, de pragmatisme et de responsabilité. C’est ce même esprit qui nous anime à l’heure de solliciter vos suffrages.

Nos listes, paritaires et largement renouvelées, sont composées de candidat(e)s qui vous ressemblent et sauront vous représenter dans la diversité de vos parcours. Elles et ils sont actifs en production comme à l’édition et dans l’encadrement des services, avec des expériences passées ou présentes à Paris, en régions et de Washington à Nairobi, en français, anglais, espagnol, en texte, photo, vidéo, multimédia…

Nous n’avons qu’une ambition : celle de pouvoir répondre, dans une conjoncture économique difficile et un écosystème médiatique en mutation périlleuse, aux défis multiples qui sont ceux de l’Agence et de sa rédaction, tout en veillant à ce que celle-ci ait les moyens d’assumer dignement sa mission d’informer.

STATUT ET FINANCEMENT

Premier défi, encore et toujours : protéger ce qui est le coeur de la loi de 1957, ce « statut de la liberté » qui fait de l’AFP une entreprise ni publique ni capitalistique, dont la mission d’intérêt général (MIG) est désormais clairement reconnue. La décision de la Commission européenne d’accepter l’octroi d’aides publiques à l’AFP en compensation de sa MIG a levé en grande partie l’incertitude qui planait à court terme sur le financement public de l’Agence. Pour autant, cela ne règle pas la question lancinante des moyens de développement de l’AFP.

Dans ce contexte, la solution, préconisée par la mission du député PS Michel Françaix, de créer une filiale centrée sur les investissements techniques afin que l’AFP puisse obtenir une trentaine de millions d’euros de financements publics (Caisse des dépôts et Banque publique d’investissement) sur cinq ans dans le cadre de son prochain contrat d’objectifs et de moyens (COM), apparaît comme une opportunité compatible avec le droit européen — il faut la saisir.

L’autre volet du rapport Françaix, repris dans une proposition de loi qui vient d’être déposée à l’Assemblée nationale, recommande de réformer la gouvernance de l’AFP, en allongeant la durée du mandat du PDG de trois à cinq ans et en ouvrant le conseil d’administration à des personnalités du secteur international des médias et des technologies numériques, tout en restreignant le nombre des administrateurs représentant la presse française. C’est une bonne chose car le développement de l’AFP, en particulier dans le numérique, a longtemps été entravé, et l’est parfois encore, par des patrons de presse qui sont aussi des clients. Mais les critères de choix de ces personnalités restent flous, et nous veillerons à ce que des considérations politiques n’entrent pas en ligne de compte. Le SNJ militera en outre pour une représentation plus importante des salariés au conseil d’administration, avec trois sièges (contre deux aujourd’hui) dont deux pour les journalistes : le personnel doit peser davantage dans cette instance délibérative, la rédaction bénéficier d’une position plus conforme à son poids démographique.

Car « les forces de productions éditoriales sont au coeur du développement de l’Agence » : c’est le PDG Emmanuel Hoog qui le dit, et le SNJ y souscrit. Encore faut-il que l’affirmation de ce principe soit suivie d’effets. Est-on fidèle à cet engagement quand on restreint les missions rédactionnelles au prix de couvertures retardées, écourtées voire éludées ? Est-on fidèle à cet engagement quand, par exemple, on cherche à faire -30% en province sur les piges, dont le SNJ rappelle qu’il s’agit de salaires de journalistes professionnels, et non d’une variable d’ajustement budgétaire ? Est-on fidèle à cet engagement quand, pour contenir la progression de la masse salariale, on prévoit de tailler aveuglément dans les droits sociaux de tous les salariés, sans égard pour ceux d’entre eux qui évoluent déjà largement au-delà de la durée légale du travail, avec les risques psychosociaux (dont des cas de burn-out) et l’empiètement sur la vie privée que cela implique ?

NOUVEAU CONTRAT SOCIAL ?

Soyons clairs : s’il faut revoir certains des textes en vigueur à l’Agence, notamment ceux qui pourraient être sources de confusion voire d’inéquité entre personnels ou au sein même des catégories, nous sommes prêts à en discuter. Le SNJ est et restera un syndicat de dialogue, de proposition et de négociation. Mais la conclusion d’un « nouveau contrat social » appelle clarté et ambition, en particulier sur les augmentations générales des salaires et les primes individuelles que la direction, aujourd’hui, ne fait que promettre vaguement, après une négociation annuelle obligatoire (NAO) une nouvelle fois improductive en 2014. Cela ne peut guère durer alors que nombre de journalistes souhaitent avec raison que le temps et l’énergie consacrés au travail, le talent, la prise de responsabilité, le terrain, l’expérience voire l’expertise soient mieux récompensés.

Ce qui vaut pour les collaborateurs de statut du Siège vaut pour ceux de contrat local ou régional : la direction doit préciser ses intentions quant au contenu de la « charte de bonnes pratiques » sociales qu’elle prévoit pour ces collègues, dont des exemples récents ont montré qu’ils étaient parfois traités comme des journalistes AFP à part, plutôt qu’à part entière.

RÉSEAU INTERNATIONAL

Il est temps également que l’Agence « sanctuarise » le nombre de contrats d’expatriation de journalistes, qui ne cesse de s’effriter. Ce que le SNJ défend ici, c’est la force d’un réseau mondial qui fait la réputation et l’honneur de notre agence, ainsi que la richesse de son offre de parcours professionnels. Cette force, cette richesse sont aujourd’hui menacées.

C’est le cas singulièrement en Afrique, qui concentre tous les maux évoqués ci-dessus : baisse des budgets piges, réductions des missions, suppression de postes de statut Siège (Dakar, Libreville)… Cette situation a eu un impact marqué sur notre couverture au quotidien de l’actualité africaine, même si nous restons présents sur les grosses dominantes. Elle s’est traduite par une gestion en flux tendu des bureaux, une pression toujours plus forte sur nos journalistes (quel que soit leur statut) et la démotivation de nos pigistes nationaux, forces vives de notre réseau. Ce constat inquiétant contraste avec la volonté affichée par la direction de faire de l’Afrique sa « priorité ». La création d’une région Afrique peut être l’opportunité de redynamiser notre couverture africaine, qui fut longtemps l’un des points forts de l’agence. Mais une région a minima, se limitant à la création à Paris d’une structure hiérarchico-administrative supplémentaire, ou à un déménagement vers le continent de cette même structure, éventuellement complétée d’un « mini-desk », n’aurait aucun sens dans le contexte actuel de sévères restrictions budgétaires. L’urgence est à un renforcement substantiel de notre réseau sur le continent. Mais il est illusoire de penser que cela pourra se faire à budget constant, sauf à vouloir continuer de déshabiller Pierre pour habiller Paul dans un jeu de chaises musicales mortifère entre texte et vidéo, francophones et anglophones.

Plus globalement, le SNJ appelle à un bilan de la régionalisation menée ces dernières années qui, tout en produisant certains résultats éditoriaux et commerciaux, s’est accompagnée d’une précarité accrue.

DES MOYENS POUR LA VIDÉO

Autre priorité du PDG : la vidéo. Mais là encore, il y a loin de la coupe aux lèvres. En réalité le service fonctionne en permanence au-delà de sa capacité. Conséquence : une fatigue généralisée et une démotivation croissante des journalistes qui a abouti avant l’été à la première grève du service depuis sa création. Depuis plusieurs mois des voix se sont élevées, relayées par le SNJ, pour demander des postes et des moyens à la hauteur des ambitions affichées par la direction. En vain : certaines grandes capitales sont couvertes par des pigistes, les journalistes en régions parcourent des distances énormes, les moyens alloués aux nouveaux produits (sport, etc.) et au soutien technique sont insuffisants…

Le manque d’ambitions sur les grands axes de développement est criant : ainsi l’entrée massive dans le marché du live est-elle sans cesse reportée alors que ce secteur d’activité est potentiellement porteur de revenus importants et correspond à des demandes persistantes des clients. L’AFPTV ne peut plus vivoter dans une économie de niche, elle doit vite connaître un coup d’accélérateur dans son développement et dans l’amélioration des conditions de travail de ses journalistes.

TRANSPARENCE

La situation financière de l’AFP est très tendue, personne ne l’ignore. Cela implique d’afficher des priorités, d’y mettre les moyens, et dans le même temps de rechercher activement et d’exploiter les sources d’économies potentielles, en préservant l’activité éditoriale.

Sur ce plan, il y a des progrès à faire. Dans la politique d’investissements, pour commencer. Si un nouveau système rédactionnel (Iris) était nécessaire — son coût (30 millions d’euros) n’en demeure pas moins exorbitant, et le retard dans sa mise en oeuvre sur tous les métiers préoccupant —, nous maintenons que le fait de mener concomitamment des travaux de rénovation aussi importants au Siège a pesé trop lourdement sur nos comptes. D’autant que ce chantier a semblé parfois être mené en dépit du bon sens, au prix de conséquences sur la santé de salarié(e)s, de déménagements à répétition, de dérapages dans les coûts. Avait-on seulement, ces dernières années, les moyens d’entreprendre une telle rénovation (plus de 20 M €, dont 2 M pour le seul 7e étage, qui n’abrite qu’une partie de la direction), au demeurant inachevée sur plusieurs étages ? En quoi le changement de décor était-il plus urgent pour l’avenir de l’Agence qu’un véritable plan de développement ?

Dans ce contexte, la rédaction attend plus que jamais de la sobriété au sommet de l’AFP. Rémunération des membres de la direction, dépenses, voyages, conditions financières des départs : on devrait pouvoir évoquer ces sujets de façon apaisée, comme cela se fait dans certains grands médias, sans se voir accusé de démagogie ou d’inconséquence. Cet effort de transparence serait le meilleur antidote aux bruits de couloir que la direction juge infondés.

Le SNJ continuera à s’impliquer dans tous les débats qui font l’AFP, son indépendance et son développement : les choix stratégiques de la direction, sa politique à l’égard des seniors qui doit respecter leur engagement au service de la maison — souvent tout au long de leur vie professionnelle —, et à l’autre bout de la pyramide envers les jeunes journalistes et autres précaires à qui l’on demande des compétences toujours plus diversifiées…

Nous continuerons de porter certains thèmes qui nous sont chers, comme hier les droits d’auteur, sur lesquels nous sommes parvenus à un accord historique, avec des conséquences modestes mais concrètes sur le pouvoir d’achat des journalistes.

Ou encore les questions déontologiques et éditoriales, qui sont au coeur des préoccupations de notre syndicat de métier, à l’origine des plus importantes avancées pour la profession depuis sa fondation en 1918, notamment de la Charte d’éthique professionnelle des journalistes.

Notre influence à l’AFP et notre efficacité dépendent de vos suffrages avant le 20 octobre : journalistes, votez pour le seul syndicat entièrement dévoué à la rédaction, le SNJ !

Nos candidats :

CE

1. Eric LAGNEAU (Sports), Anne LE COZ (Bureau de Paris)

2. Lucile MALANDAIN (Reportage éco), Denis TEYSSOU (Médialab)

3. Hervé BAR (Desk Afrique), Chloé COUPEAU (Caen)

4. Sophie LAUTIER (Politique), Gaël FAVENNEC (Desk France)

5. Frédéric POUCHOT (Reportage éco), Elisa SANTAFÉ (ex-Desk AmLat)

DP

1. Djilali BELAÏD (AFPTV), Juliette COLLEN (Web et Mobiles)

2. Déborah CLAUDE (Politique), Fabrice RANDOUX (Politique)

3. Benoît FAUCHET (Infogénés), Céline SERRAT (Société)

4. Aude GENET (Nairobi), Boris CAMBRELENG (Desk éco)

5. Jürgen HECKER (AFPTV), Anne MEYER (Rennes)

6. Sofia BOUDERBALA (Redchef Euraf), Jean-Christophe VERHAEGEN (Photo Metz)

7. Matthieu DEMEESTERE (ex-Politique), Valérie MIELNICKI (Documentation)

 

 

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