Le SNJ AFP a signé l’accord d’entreprise

Les deux délégués syndicaux du Syndicat national des journalistes (SNJ) à l’AFP ont signé ce mercredi 8 mars l’accord d’entreprise, après d’ultimes améliorations et clarifications apportées par la direction en début de semaine.

Ce texte est le fruit d’un cycle de discussions puis de négociations qui s’est ouvert depuis près de trois ans et demi (novembre 2013) et ne fut pas un long fleuve tranquille. Il va remplacer les 117 sources de droits internes (conventions et accords, engagements unilatéraux…) qui s’étaient accumulées au fil des années, pas toujours dans la clarté ni l’équité, sur de nombreux sujets (temps de travail, rémunération, parcours professionnels, etc.) et avaient été dénoncées par le PDG Emmanuel Hoog à l’été 2015.

La délégation SNJ s’est beaucoup investie pour améliorer un accord qui peut être vu comme « défensif », dans une situation financière dégradée et un écosystème médiatique très difficile, mais dont le contenu est incomparablement meilleur aujourd’hui qu’il y a encore quelques semaines.

Nous faisons l’analyse que cet accord protège l’ensemble des salariés et préserve l’essentiel des droits des journalistes, tout en introduisant de nouvelles mesures.

Voilà, selon nous, ses lignes de force :

– un maintien du nombre global de jour de repos pour les journalistes et autres cadres à travers la mise en place d’un forfait jours pour lequel nous avons obtenu un cadrage (horaire) précis et une adhésion pleinement facultative et réversible, ainsi qu’une extension à tous les journalistes pour ne pas ériger des murs là il faut jeter des ponts. Le forfait jours est fixé à 202 jours travaillés par an en France (214 à l’international mais avec un congé de retour d’expatriation de 12 jours / an) avant application du congé d’ancienneté (de 3 à 5 jours de déduction supplémentaire)

– des astreintes (enfin !) définies et rémunérées, alors qu’elles ne l’étaient dans quasiment aucun service : 20 euros bruts portés à 30 quand il y a « veille éditoriale » ; indemnité mensuelle de 150 euros en cas de veille pour les chefs/adjoints en faisant plus de 60 par an

– le droit à la déconnexion (en dehors des plages d’astreinte, y compris dans le forfait jours)

– des engagements chiffrés sur l’expatriation (22% des journalistes Siège seront expatriés ; 28% des postes seront « ouverts » à la mobilité internationale sous statut Siège ou Régional) visant à la consolidation d’une politique qui s’est érodée ces dernières années ; un maintien des conditions d’expatriation (indemnité de logement notamment) en Europe, qui étaient menacées

– des dispositions sur le télétravail qui étaient inexistantes (un jour par semaine au maximum)

– un maintien et même une légèrement amélioration du plan de carrière des journalistes (promotion chaque année à la catégorie 6 de 10% des effectifs de la catégorie 5+ ayant plus de 4 ans d’ancienneté dans la catégorie 5+)

– des dispositions spécifiques sur les pigistes (statut, protection sociale, droits, rémunération, garanties contre la précarité).

Si nous n’avions pas réussi à construire un accord majoritaire :

– les journalistes et autres cadres auraient travaillé à l’avenir au moins 6,5 jours de plus en moyenne par an

– la légère amélioration du plan de carrière des journalistes (5+ à 6) ne serait pas entrée en vigueur

– l’anticipation des congés d’ancienneté pour les jeunes salariés actuellement dans l’entreprise (3 jours pour moins de dix ans de présence) n’aurait pas été accordée

– le recours à une commission arbitrale – plus favorable – pour le calcul de l’indemnité de licenciement des journalistes n’aurait pas été prévu

… et, globalement, une longue période d’incertitudes juridiques et de contestations se serait ouverte à l’AFP, dans un contexte politique périlleux. La direction aurait pu à tout moment modifier et appliquer les dispositions de son choix, dans le respect – insuffisant – du Code du travail et de la Convention collective nationale des journalistes.

Convaincu qu’un accord majoritaire était beaucoup plus protecteur pour les salariés qu’une absence de cadre collectif, le SNJ aappuyé dans la dernière ligne droite une demande, qui nous semblait à la fois légitime et raisonnable, de maintien pendant cinq ans des évolutions et primes liées aux plans de carrière des employés et des ouvriers. La direction y a répondu favorablement.

Nous voyons cet accord collectif comme un nouveau point de départ plutôt qu’un aboutissement. Ce n’est pas un chèque en blanc signé au PDG, dont nous avons déjà interrogé les choix stratégiques et la politique d’endettement, ce que nous continuerons à faire sans faiblir.

Cet accord ne prétend pas tout régler dans le fonctionnement et l’organisation de l’Agence, loin s’en faut. Les problèmes durablement constatés dans certains services, comme la vidéo, n’en dépendent pas, et doivent être traités rapidement. S’agissant des dispositions de l’accord, la direction devra répondre aux questions et difficultés qui pourraient se poser dans leur application, notamment sur les astreintes, le forfait jours, le télétravail… C’est tout l’enjeu de la commission de suivi de l’accord, dans laquelle le personnel peut être certain que le SNJ sera représenté et actif.

SNJ AFP – Paris, le 8 mars 2017 – www.snj-afp.org

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