La direction perd un procès? Elle s’en prend à la rédaction. Inacceptable!

A la suite d’un contentieux introduit par les organisations syndicales CGT et FO, rejointes plus tard par SUD, l’AFP a été condamnée à s’aligner sur les augmentations du SPQN (Syndicat de la presse quotidienne nationale) comme elle le faisait jusqu’en 2012, année depuis laquelle il n’y a plus eu de hausse générale des salaires à l’Agence.

Dans l’attente de l’appel, cette décision oblige la direction à provisionner de fortes sommes (6 millions d’euros selon elle), ce qui dynamite son budget 2018, dont la présentation en conseil d’administration est renvoyée à janvier. Certes, une telle décision en plein bouclage du budget tombe au plus mal. Mais ce n’est pas comme si la direction ne savait pas que la justice allait se prononcer…

Le Syndicat national des journalistes, premier syndicat de la profession en France comme à l’AFP, ne s’était pas associé à cette assignation qui lui semblait aventureuse dans un contexte financier déjà difficile, en partie dégradé par des choix (de trop lourds travaux en plus d’un système Iris déjà très coûteux) contestables. Les événements ne nous ont pas donné tort.

Néanmoins, il aurait été plus prudent, de la part de la direction – même si cela aurait encore compliqué l’équation budgétaire – d’anticiper les provisions. Bref, de prévoir plutôt que de subir… et de faire subir. Car dans son communiqué publié en réaction à la décision du tribunal de grande instance, la direction, comme prise au dépourvu, pique une grosse colère. Et promet aux salariés de la sueur et des larmes.

Extrait du communiqué: « en l’absence d’autres marges de manœuvre, le remplacement de tous les départs devrait être suspendu sine die, le recours aux CDD, même rédactionnels, réduit à sa plus simple expression, et le montant des seuls postes de charges encore « mobilisables » (piges, missions rédactionnelles…) fortement contraint. »

Là, on ne parle plus d’absence d’enveloppe pour une politique salariale, d’investissements reportés, de missions non urgentes annulées. Non, la direction annonce frontalement qu’elle va s’attaquer au fonctionnement quotidien de la rédaction, qui depuis des années déjà se serre la ceinture, voit les missions et les postes d’expatriés se réduire, travaille souvent en flux tendu (notamment à cause de suppressions de postes en texte et de manque de moyens en vidéo).

L’Agence a une mission d’intérêt général à remplir: cela se fait avec des moyens, pas par magie. Et dans un contexte concurrentiel toujours plus fort, il faut aussi savoir motiver les salariés!

Le SNJ appelle la direction à garder son sang-froid plutôt que d’annoncer une punition collective contre la rédaction. Des efforts importants ont déjà été fournis par le personnel. En mars dernier, un nouvel accord d’entreprise a remis à plat certains usages, permettant d’envisager des économies dans les années à venir. La rédaction a massivement adhéré au forfait jours (80% des journalistes l’ont adopté), dont les termes ont été négociés avec des syndicats représentant plus de 70% du personnel. Le dialogue social a produit des fruits. Mais la poursuite d’un dialogue constructif passe par une condition: le maintien de moyens rédactionnels dignes de ce nom. La direction ferait mieux de ne pas l’oublier, plutôt que d’agiter la maison par des communiqués incendiaires.

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