Ce lundi 27 mai a pris fin la procédure d’information-consultation du Comité social et économique (CSE) sur le plan de départs volontaires (PDV, soit un plan de sauvegarde de l’emploi, ou PSE, sans licenciements) que souhaite mettre en oeuvre la direction de l’AFP dès le 1er juillet.
Les élus du CSE ont rendu trois avis contestant le « Livre I » (volet social) et le « Livre II » (volet économique et organisationnel) de cette restructuration, et alertant sur les incidences éventuelles du projet en matière de santé et conditions de travail. Dans la foulée, le SNJ, premier syndicat de la rédaction, ne signera pas le projet d’accord collectif de la direction.
Certes, les dernières semaines n’ont pas été infructueuses. Grâce à la mobilisation du personnel (arrêts de travail, lettres ouvertes…) et à des dizaines d’heures de négociation, le contenu du PDV (mesures d’accompagnement, critères de départage entre « retraitables » et « projets professionnels »…) a été amélioré et le nombre de départs possibles dans ce cadre a été réduit à 66 (28 journalistes et 38 personnels techniques et administratifs). Cela a permis de préserver, au moins temporairement, six postes dont la suppression aurait été néfaste. D’autres services ou bureaux touchés ont alerté sur les dangers du PSE pour leur capacité à assurer convenablement leur travail, sans obtenir de réponse satisfaisante.
Mais si le PDV a pu être un peu allégé, il n’est que la déclinaison française en 2019-2020 d’une restructuration plus large et à plus long terme: le « plan de transformation », ou « plan Fries ». Ce projet global coûteux (17 millions d’euros apportés par l’Etat, dont 13 millions pour les seuls départs) n’a, lui, pas changé depuis janvier : il prévoit toujours une suppression nette de 95 postes – dont 23 de journalistes – d’ici à 2023, et ce sans ambition éditoriale.
Autrement dit, les suppressions de postes non réalisées dans le cadre du PDV le seront à partir de 2020, ici ou là, au fil des opportunités et des départs naturels. Et si une vingtaine de recrutements de journalistes sont prévus – principalement pour la vidéo, où les besoins sont incontestables -, une quinzaine de postes de journalistes sous statut local vont être supprimés, sans compter la « localisation » de 13 postes d’expatriés, qui va encore réduire et dégrader les possibilités de mobilité internationale.
Le SNJ ne cautionnera pas un plan de restructuration fragilisant la capacité de l’AFP à assurer sa mission d’intérêt général, à défendre un journalisme de qualité et de terrain, à porter l’ambition d’une lutte contre la désinformation par ses propres moyens.
Dans un document présenté au conseil d’administration le 4 octobre dernier, Fabrice Fries jugeait « les outils de type PSE/PDV inadaptés » car « trop onéreux et au prix social élevé ». Le PDG a manifestement changé d’avis, pas le SNJ.
Faute de validation syndicale, la direction va maintenant être contrainte de transformer son projet en « document unilatéral » soumis à l’homologation de la Direccte (direction régionale du Travail).
Le SNJ sera particulièrement vigilant quant aux conséquences de ce plan sur les conditions de travail et la santé des personnels, notamment dans des services ou bureaux déjà sous tension.
Avec les équipes concernées, nous contesterons, partout dans le monde et dans tous les métiers, tout départ non remplacé qui fragiliserait la capacité de la rédaction à rechercher une information « complète », « exacte », « impartiale » et « digne de confiance » (articles 1 et 2 du statut de l’AFP).
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