Accord d’entreprise: non merci!

Accord d’entreprise : tout ça pour ça ? Non merci!

Le PDG Emmanuel Hoog a livré ses « hypothèses de travail », jeudi 3 avril, dans le cadre de la préparation du nouvel accord d’entreprise qu’il appelle de ses voeux. Enfin ! pourrait-on dire, puisque les organisations syndicales participant à ces discussions, dont le SNJ, réclamaient depuis des mois que M. Hoog et son équipe précisent leurs intentions.

Surprise : en fait d’hypothèses à choix multiples, la direction semble avoir un scénario unique en tête, composé de sept mesures s’ajoutant les unes aux autres, dans une logique cumulative assez vertigineuse. Certaines de ces préconisations peuvent sans doute être discutées sereinement, tel le plafonnement à 100 jours des comptes épargne temps (CET). D’autres sont franchement contestables, comme la suppression des RTT des expatriés, dont on notera qu’elle toucherait essentiellement des journalistes – est-ce la meilleure façon de rappeler que « les forces de productions éditoriales sont au coeur du développement de l’Agence », comme le fait régulièrement M. Hoog ? Chacun jugera.

En outre, chaque salarié de statut Siège perdrait au moins huit jours de congés payés (ouvrables) et les journalistes des desks parisiens, comme les employés de presse et les ouvriers, pourraient voir disparaître l’intégralité de leurs RTT (18 jours ouvrés pour les J, 14 pour les EP et OT). Etude de cas tout à fait réaliste : dans le cadre des futures règles rêvées par le PDG, un journaliste expatrié, puis affecté sur un desk à son retour au Siège, perdrait environ un mois de repos par an pour ses quatre années à l’étranger, puis devrait renoncer à un nouveau mois de repos pour chaque année éventuelle de présence au desk. Le progrès social est en marche !

A cela il faut ajouter la probable transformation en locaux de postes expatriés, qui concernera également la rédaction, fût-ce « en nombre limité », alors que le SNJ ne cesse de réclamer la « sanctuarisation » du nombre de contrats d’expatriation de journalistes, et que la direction ne prend même pas la peine de pourvoir l’intégralité des postes d’expat’ inscrits au budget…

QUELLES COMPENSATIONS ?

Tout cela pourrait être vu d’un autre oeil si, en face des baisses de droits très précisément chiffrées (visant une progression des charges de personnel Siège de 0,73% par an, contre +1,72% en moyenne annuelle entre 2008 et 2012), les propositions de la direction étaient consistantes. Or, non seulement celles-ci seraient limitées à 0,27 point afin de ne pas excéder une progression de la masse salariale de 1% par an, mais ce qui est mis sur la table est pour le moins flou : une « augmentation générale des salaires sur cinq ans » sans engagement de montant ni de reconduction évidemment, des « augmentations individuelles » et « primes exceptionnelles » dont les critères d’attribution sont inconnus, une « refonte du plan de carrière » tellement vague qu’elle n’engage que ceux qui y croient… sans parler de la « création d’un nouveau palier d’ancienneté au-delà de vingt ans » enterrée sitôt mentionnée (mesure « particulièrement coûteuse »), ou de la mise en oeuvre d’un « congé spécifique de retour d’expatriation » dont la durée (à la carte ?) n’est même pas évoquée. Pas grand chose, non plus, pour nos collègues à statut local et régional, sinon l’évocation d’une charte de « bonnes pratiques » sociales qui ne coûte pas cher…

Surtout, derrière ce scénario tristement comptable, au-delà des efforts drastiques réclamés à la rédaction, où est le « nouveau contrat social », ce grand texte « protecteur pour les salariés » promis en 2013 par M. Hoog ? Où est la remise à plat complète des règles internes annoncée, pour plus d’équité et de justice sociale, entre les catégories (grilles de rémunérations, heures supplémentaires, astreintes, etc.)?

A croire M. Hoog, toutes les mesures envisagées peuvent être discutées, amendées, améliorées. Mais ce n’est pas l’impression que la présentation de jeudi a laissé. Au contraire, il semble bien que la messe est dite, et que les représentants du personnel sont priés d’emprunter sans broncher le boyau très étroit indiqué par le PDG, sans pouvoir discuter sérieusement l’hypothèse financière, les perspectives de croissance du chiffre d’affaires et le montant des investissements sur lesquels ce scénario se base.

A CE JOUR, IL N’Y A PAS DE NEGOCIATION

Le SNJ, premier syndicat de la rédaction de l’AFP, a pris ses responsabilités il y a quelques mois en acceptant de participer, sans illusions mais dans un esprit constructif, à la dizaine de longues réunions d’échanges préalables organisées par la direction – processus lent, parfois confus, hélas sans direction claire, il faut bien le dire. Nous participerons encore à la réunion de préparation de l’enquête sur le temps de travail qui doit être menée auprès des salariés avant fin juin, que nous avons été les premiers à réclamer, et qui aurait évidemment dû précéder l’annonce du scénario envisagé par la direction. Nous sommes convaincus que cette grande étude fera apparaître la nécessité d’améliorer les conditions de travail dans cette maison, notamment au sein de la rédaction, qui doit pouvoir bénéficier de conditions d’exercice dignes, avec des temps de repos convenables, pour continuer à produire une information de qualité.
Mais la négociation en tant que telle n’a pas commencé. Elle ne fait d’ailleurs l’objet, en cette fin de semaine, d’aucun calendrier ni ordre du jour. Il revient désormais au président et à son équipe de direction de prendre leurs responsabilités. A eux de dire au personnel ce qu’ils comptent faire des accords d’entreprise et conventions internes actuellement en vigueur, selon un calendrier clairement annoncé, dans le respect du droit. Et de le convaincre que le « contrat social » promis n’est pas qu’un strict plan d’économies sur la masse salariale, mais un projet d’avenir pour l’AFP et sa mission d’informer.

 

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