Signe d’une exaspération grandissante dans la hiérarchie intermédiaire de la rédaction, soumise à une charge de travail toujours plus lourde, les chefs et adjoints des services et bureaux en France viennent de se mobiliser en très grand nombre, via une lettre à la direction.
Ils y ont déploré un manque de transparence et des inégalités incompréhensibles de traitement, à postes comparables, dans la rémunération des astreintes ou permanences de soirée, nuit et week-end, et le versement des indemnités de fonction. Craignant manifestement l’incendie, la direction a organisé ce vendredi une réunion en urgence avec les signataires, au cours de laquelle elle a fait valoir, pour unique réponse ou presque, que le sujet serait traité dans le cadre de la négociation sur « le grand accord » d’entreprise.
Comme s’il suffisait de répéter « le grand accord », « le grand accord » comme un mantra pour régler les problèmes du moment!
La direction s’est en outre permise des accommodements déraisonnables avec la vérité.
Elle a ainsi prétendu qu’elle avait émis des propositions, dans le cadre de ces négociations, sur les indemnités de fonction couvrant certaines sujétions (dont les astreintes des responsables). Renvoyant pour plus de détails la balle aux syndicats, priés d’informer eux-mêmes le personnel s’ils le souhaitent.
Le SNJ, première organisation de la profession en France et à l’AFP, serait heureux de pouvoir partager avec tous des informations sur ces sujets, mais il ne peut pas les inventer. D’ailleurs si la direction avait vraiment fait des propositions concrètes aux syndicats, elle aurait pu en parler tout à fait librement à l’encadrement. Le fait est qu’à ce jour, elle n’a produit aucune donnée claire et chiffrée sur ces sujets relatifs à la hiérarchie intermédiaire.
Par souci d’exactitude, le SNJ publie le paragraphe que la direction a inclus dans son projet d’accord sur les compensations envisagées pour les astreintes (une obligation légale): « Pour les cadres dirigeants et les chefs de service et de bureau et leurs adjoints, l’astreinte est une sujétion liée à leur statut dont la compensation est intégrée dans leur rémunération, éventuellement majorée d’une indemnité de fonction intégrant cette sujétion. Pour les autres salariés, l’astreinte donne lieu à une compensation financière ».
Renseignement pris auprès de la direction, la partie sur les indemnités de fonction est « encore en gestation ». Encore heureux! Le SNJ n’acceptera pas que la rémunération des astreintes/veilles éditoriales des responsables rédactionnels soit engloutie dans des indemnités modestes quand elles ne sont pas dérisoires, vu le niveau, la charge et le stress des responsabilités assumées.
Nous espérons avec impatience des propositions à la hauteur sur ces sujets. Dans l’attente du dénouement de la négociation du grand accord, au plus tôt le 7 février prochain, nous demandons solennellement à la direction: – de renoncer à toute instruction interdisant le paiement des heures de nuit de certains responsables, comme elle l’a fait récemment – de mettre fin aux inégalités de traitement préjudiciables à des salariés qui ont été ou pourraient être portées à sa connaissance, pour des postes à responsabilités comparables – de publier dans les meilleurs délais, dans un double souci de transparence et de résolution du dossier, une note précisant ce à quoi un journaliste prenant un poste à responsabilité a droit actuellement en terme de rémunérations complémentaires.
Au-delà, nous nous inquiétons du ton, entre suspicion et reproches, adopté par la direction, qui révèle une méconnaissance voire un mépris du travail accompli au quotidien par la hiérarchie intermédiaire. Les propos du style « si 1.500 journalistes raisonnent en heures de travail, on ferme » (sic), ou les comparaisons culpabilisantes entre usages français et pratiques à l’expatriation n’honorent pas ceux ou celles qui s’y prêtent.
Est-ce ainsi que la direction compte faire accepter un « nouveau contrat social » à l’AFP?
SNJ AFP – Paris, le 14 octobre 2016 – www.snj-afp.org
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