Rapport Françaix sur l’avenir de l’AFP : la position du SNJ
La mesure phare porte sur la création d’une filiale de moyens destinée à réaliser un plan d’investissement sur cinq ans sans déroger ni au statut de l’agence, qui impose un budget à l’équilibre chaque année, ni aux règles européennes, qui interdisent tout financement direct par l’Etat. Dans sa dernière version, le rapport Françaix valide le plan d’investissement du PDG Emmanuel Hoog pour un total de 34 millions d’euros. Plus de 7 millions consacrés au développement de la vidéo et près de six de 6 millions destinés aux archives nous paraissent nécessaires.
Deux autres postes, « connaissance et service clients » (+ de 15 millions d’euros !, même pour mettre en place un « site de secours », cela paraît élevé) et « nouveaux contenus – nouveaux usages » ont des contours nettement plus vagues et appellent une clarification.
Pour financer ce plan, le député propose de créer une « filiale technique de moyens » de droit privé chargée notamment des acquisitions de matériel et qui s’endetterait auprès du Commissariat général à l’investissement et de la Banque publique d’investissement. Le capital de la filiale serait constitué pour l’essentiel du système Iris.
Mais Michel Françaix prévoit aussi que l’agence utilise une partie de la compensation qui lui est versée par l’Etat au titre de sa Mission d’intérêt général pour abonder le capital de la filiale, ainsi qu’ »une partie des économies réalisées au titre du plan de développement 2014-2018″. Pour le SNJ, c’est là où le bât risque de blesser, au moment où la direction veut remettre à plat les accords d’entreprise en revoyant considérablement à la baisse les congés payés et les jours de RTT.
La filiale a vocation à être « rémunérée comme le serait un fournisseur de l’AFP pour une prestation de services, en l’occurrence la location de moyens techniques ». La maison-mère verserait donc une redevance pour l’utilisation d’Iris à sa filiale. Cette dernière sera propriétaire du logiciel qu’elle essayera aussi de vendre à d’autres agences. Le député PS assure qu’aucun salarié de l’AFP ne sera transféré vers la filiale, ce qui est bonne chose. Mais le recours à un plan d’économies pour abonder son capital fait apparaître le risque que de nouveaux sacrifices soient demandés au personnel au nom de sa création: le SNJ sera particulièrement vigilant sur ce point.
L’autre volet du rapport Françaix propose de réformer la gouvernance de l’AFP. Au conseil d’administration, les représentants de la presse quotidienne, aujourd’hui majoritaires avec 8 sièges sur 15, passeraient à « cinq ou six ».
La représentation des clients publics de l’agence (Etat et audiovisuel public) ne serait pas modifiée, ni celle des représentants salariés, au nombre de deux, dont un journaliste et un représentant des personnels administratifs et techniques. Ce dernier point constitue une déception pour le SNJ, qui souhaitait une représentation plus importante des salariés au CA, avec trois sièges dont deux pour les journalistes, afin d’avoir une représentation plus conforme au poids démographique de la rédaction au sein de la maison.
Le texte propose en outre « qu’aux côtés de ces trois collèges soient nommés intuitu personae 5 à 7 nouveaux membres, désignés par le Conseil supérieur de l’AFP, garant de l’indépendance et de la qualité du travail de l’agence, et dont les nominations seraient validées par une « majorité qualifiée des commissions des affaires culturelles de l’Assemblée et du Sénat ».
Ces personnalités seraient choisies dans une « perspective internationale » et afin d’assurer le « rayonnement de l’agence ». C’est a priori une bonne chose lorsqu’on sait que le développement de l’AFP, notamment dans le numérique, a longtemps été entravé et l’est parfois encore par des administrateurs qui sont aussi des clients et ne veulent pas voir la marque AFP concurrencer leurs propres publications sur le net. Mais les critères de choix de ces personnalités qualifiées restent floues et pourraient être trop politiques, fluctuant au gré des majorités parlementaires.
Le rapport préconise enfin un allongement de trois à cinq ans du mandat du PDG. Le SNJ ne s’y oppose pas, constatant que la maison a trop souffert, dans le passé, des changements de stratégie liés à la valse de ses présidents.
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