Plan Fries de réduction des effectifs: la rédaction et la mission de l’AFP en danger

Le PDG Fabrice Fries a présenté jeudi 4 octobre au conseil d’administration de l’AFP un plan de « baisse des coûts » qui repose essentiellement sur une réduction nette de 125 postes (85 personnels techniques et administratifs et 40  journalistes).

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, n’ignore pas les grandes difficultés financières de l’Agence. Mais il est déplorable de voir le personnel devenir la première variable d’ajustement utilisée pour tenter d’assainir une situation dont les salariés ne sont pas responsables. Et ce dans des proportions inquiétantes : 5% de suppressions nettes de postes à l’échelle mondiale (160 départs, 35 embauches… si elles sont réalisées), et même 9% si le plan est circonscrit au périmètre des salariés de statut Siège (droit français), ce qui est à craindre.

Le PDG insiste sur le caractère volontaire, non contraint, des départs envisagés : à la bonne heure ! Mais le problème, c’est le non-remplacement de 40 journalistes! Un choix qui revêt un caractère exceptionnel voire inédit dans l’histoire récente de l’AFP. Le principe intangible dans la rédaction était celui du « un départ, un recrutement ». Même si cela n’était pas forcément à statut constant, et encore moins du « poste pour poste » : nombre de redéploiements ont été opérés, notamment du texte vers la vidéo.

Cette fois, M. Fries crée une rupture lourde de conséquences dans le pacte social de l’AFP, en touchant au «coeur du réacteur» : la rédaction.

Même si l’exercice n’est pas illimité, on peut toujours transférer des postes vers des secteurs jugés plus prioritaires, comme le reportage, l’image, le journalisme de vérification, les nouveaux usages… Mais qui peut croire sérieusement que la diminution globale des moyens éditoriaux va permettre à l’AFP de se développer ? Où trouver ces 40 postes ? Dans quels services, quels bureaux ? Avec quelles conséquences sur la qualité de l’information, sur les conditions de travail de ceux qui restent, quand on connaît les limites « du produire moins pour faire mieux » ? Avec quelle ambition pour le maintien de la mobilité, de l’expatriation ? Comment être certain que le « journalisme de terrain » que le PDG entend sanctuariser — sans définir son périmètre, qui ne sera sans doute pas le nôtre — sera vraiment épargné ?

Autant de questions qui pour l’heure restent en suspens, tandis que la dotation du « guichet départ », elle, est déjà connue : 13 millions d’euros pour un seul objectif, réduire la voilure. Un argent qui aurait pu utilement être investi dans le développement, l’innovation, mais non !

Le SNJ ne se contentera pas de discuter de l’incitation financière au départ et des questions d’organisation innombrables que ce plan, s’il était mis en oeuvre, ne manquerait pas de poser. Il contestera, en privilégiant dans la mesure du possible le dialogue social comme il l’a toujours fait, le bien-fondé de ce projet dangereux pour l’AFP, sa rédaction et sa mission d’intérêt général, qui n’est autre que de fournir une « information exacte, impartiale et digne de confiance » (article 2 du statut) partout dans le monde et en France.

Nous appelons les journalistes à s’emparer de ce débat, et ce dès lundi en participant massivement aux élections professionnelles (8-18 octobre, par voie électronique) des salariés AFP de droit français : donnez à vos syndicats, et notamment au SNJ, force et légitimité pour porter votre voix et défendre votre mission d’informer !

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